[S1] Je. 5 Mars - Balade au crépuscule

(premier post)

Salène flanait depuis peu dans les allées où les fleurs de jour se préparaient à dormir, se refermant sur elles mêmes, sentant la lumière bienfaitrice du soleil décliner. D'une démarche gracile elle se pencha sur un parterre qui sembla avoir attiré son attention. Respirant doucement une des fleurs closes elle tenta alors de percevoir son parfum. Elle était bien entendu hermétiquement repliée, elle ne trouva donc rien. Peu importe, elle était de bonne humeur aujourd'hui.

C'était son premier jour ici, elle avait tenu à arriver le plus tôt possible et elle était finalement parvenue la veille des premières classes. Il s'agissait à présent d'effectuer un repérage des lieux le plus minutieux possible afin d'éviter toute déconvenue. Le premier endroit qui lui était venu à l'esprit était le jardin. Il faut dire que sa beauté surplombait largement le reste des bâtiments. Et puis c'est souvent un lieu où prolifèrent les papillons, même de nuit. Elle continua donc de gambader, de parterre en parterre, admirant l'entretien des plantations et leur organisation des plus parfaites. Le soleil rayonnait à présent d'une belle couleur jaune rasante, mais néanmoins suffisante pour avoir un aperçu complet de l'endroit.

Pour l'occasion elle était vêtue d'une robe à fleurs légère, chose possible malgré la saison en raison du climat quelque peu tropical. Ajouté à cela ses sandales à peine attachées, lui permettant ainsi une liberté et surtout un contrôle total de ses déplacements. Ses cheveux long non attachés semblaient pris de vie à chaque mouvement de tête, sans pour autant lui occulter le regard, un regard aussi léger que le reste de son attitude, plein d'entrain.

Emportée d'ailleurs dans son enthousiasme ses pas se faisaient de plus en plus légers, peut être trop. Soudain un pas fut exagérément plus léger que la normale, et la non maîtrise de ses pouvoirs lui revint à l'esprit alors qu'une bourrasque la déséquilibra. Elle laissa échapper un cri d'étonnement, manquant de tomber et lissa sa robe de ses frêles mains, tentant de masquer autant que possible sa petite culotte bleu clair, et attendant que le phénomène se calme. Cela prit bien plusieurs secondes. Malgré sa maladresse elle songea un instant à se moquer d'elle, car de toutes façons elle était seule bien entendu et personne n'a pu l'observer ainsi. Elle se redressa ensuite, et regarda vaguement autour d'elle, dans un léger réflexe, car on ne sait jamais ...

Quelle idiote. Fais donc attention, demain tu n'auras pas le droit à l'erreur.

Elle reprit son parcours, d'une démarche un peu plus normale cette fois ci, et quand ses jambes commencèrent à se raidir quelque peu, sous l'exercice constant de ses pas dominés, elle décida de se poser sur un banc et de contempler le ciel. Ce dernier avait viré à l'orange et seuls quelques rares nuages venaient interférer ce dégradé. Elle ferma légèrement les yeux et se concentra alors sur les bruits environnants, à la recherche des animaux ou de bruissements de feuilles sous le vent.

[ჯ] 5 points

Que de monotonie en cette longue journée ! Le crépuscule pointait doucement à l’horizon, tachant la ciel de couleurs rouge et or. Et Valeria qui n’avait toujours pas avancé dans son travail digne des bureaucrates ! À part brûler toute la paperasse qui semblait n’avoir servit à rien, elle s’était contentée de cocher des cases par de simples gestes fébriles, plaçant régulièrement le bout de son crayon de bois entre ses dents pour le mâchouiller d’un air ennuyé, regardant le fond de sa classe qui commençait à s’assombrir avec l’arrivée proche de la nuit.

-C’est bien sombre, ici ! dit-elle tout en enroulant l’un de ses cheveux sombre autour du majeur de sa main droite.

D’un claquement de doigt, les trois cheminée s’embrasèrent, en sachant qu’il y avait assez de bois dans leur bouche pour que celles-ci puissent tenir toute la nuit. Les flammes dansantes renvoyaient les ombres des objets de cette pièce sur les murs, créant des silhouettes difformes et monstrueuses pour qui avait assez d’imagination. Avec un peu de feu, tout devenait très vite attrayant et déjà le début de cette soirée commençait à être un peu plus agréable que prévu. Avec un soupir qui fit dissiper son sourire en coin, Valeria se leva après s’être massé les tempes, ne prenant pas attention à son crayon qui continuait de souffrir entre ses incisives.

Après s’être baissé pour ramasser les cendres refroidies de la défunte paperasse, la jeune femme ouvrit la fenêtre, relâchant cette petite pincée de poudre noire qui se perdit dans ce début de nuit. Soudain, une étrange brise souffla vers elle, lui projetant les cendres en plein visage et recouvrant ses joues de cette fine poudre noire. Cela ne dura qu’une fraction de seconde, mais ce fut suffisant pour renvoyer l’ensemble de ce cadeau vers son expéditeur. Les yeux écarquillés de surprise, Valeria abhorrait une expression grotesque, la bouche défigurait par un rictus d’agacement.

La jeune femme attrapa la grande bougie, qui se trouvait sur son bureau, d’un geste rageur, l’allumant en soufflant dessus avant de se pencher par sa fenêtre grande ouverte, regardant en tout coin et prête à démasquer le coupable. Bien évidemment, le phénomène ne se reproduisit pas, la personne qui avait accompli ce crime impardonnable s’étant sûrement enfuit à toutes jambes. Au moins, sa robe n’avait pas été touchée par cette attaque…mais elle ne pu en dire autant de son visage lorsqu’elle porta la main à l’une de ses joues, constatant que ses doigts étaient noires de cette cendre si salissante.

-Attends un peu mon gaillard, jura t-elle entre ses dents, le crayon n’ayant toujours pas quitté cette place inadaptée, tu ne l’emporteras pas au Paradis, crois-moi !

Valeria calla son crayon contre son oreille gauche, quittant sa salle de cours sans même prendre le temps de la fermer à clef avant de s’arrêter, une main noire sous son menton. Elle avait entendu crier en même temps…oui, elle était certaine d’avoir entendu quelqu’un crier ! Une agression ? Une étourderie ? Peut-être que cette farce ne lui était pas destinée et que…non, plutôt que d’émettre d’hâtives hypothèses, le mieux était de se rendre en personne sur les lieux.

Voilà donc l’ancienne prêtresse en train de déambuler hors de l’Académie, la bougie à la hauteur du visage. Elle ne tarda pas à atteindre le Grand Jardin, sa grande robe cachant toujours ses chaussures et virevoltant en rythme avec la vitesse de son déplacement.

Caressant l’une de ses cornes du bout des doigts, elle traversa un moment le hors limite, zigzaguant entre les arbres, avant de revenir vers le chemin, vers l’allée principale là où les bancs avaient été installés pour les promeneurs. Il n’y avait qu’une seule personne à cette heure, assise tranquillement tout en observant la nature avec un air de calme absolue. Curieuse heure pour se promener…d’autant plus qu’elle ne l’avait encore jamais vue ici ! Valeria s’en méfia tout de suite, sa bougie éclairant son visage.

-Et toi ! J’ai entendu crier ! Je peux savoir ce qu’il se passe ici ?

Valeria n’avait pas même pensé à se laver le visage…

[ჯ] 2 points

Le ciel continuait tranquillement à s'assombrir. Elle ne sait pas combien de temps elle passa là, sans doute était elle au bord de l'assoupissement, il faut dire que les conditions idylliques de l'endroit ne pouvaient qu'inspirer au repos à un tel moment de la journée. Se laissant de plus en plus aller sur le banc ferme mais confortable, elle fut soudain gênée par une légère lueur venant de sa gauche. Elle se retourna vers la source, légèrement éblouie, tandis que la porteuse de la bougie se mit à l'interpeller telle une vulgaire voleuse.

S'habituant à la lumière vacillante, elle tenta de dévisager son interlocutrice. Elle avait le teint plutôt sombre, il était difficile de le savoir avec exactitude car le soleil était à présent des plus faibles. Autre chose remarquable, une paire de cornes sur sa tête, résultat sans doute de ses affinités avec la magie. Elle avait été prévenue que de telles mutations étaient possibles, mais en voir une en face pour de vrai était des plus intéressants.

Fronçant les yeux pour mieux voir, sans toutefois exercer quelque ride qui pourrait rester sur son visage, elle s'interrogea: on aurait dit qu'elle s'était maquillée de suie ou de terre si l'en on croyait les traces irrégulières sur son visage, qui formaient un hâle agrémenté d'une belle traînée sur la joue. Ne voulant pas aborder ce détail par pure politesse, elle en fit abstraction dès la seconde suivante, et se décida à répondre, d'une voix très aimable. La personne était sans aucun doute plus âgée qu'elle, probablement un professeur, il s'agissait par conséquent de faire bonne impression.

Bonjour Professeur. Je m'appelle Salène Herynorion, élève de première année, enchantée de faire votre connaissance. Hum ... j'ai effectivement crié car j'ai été surprise le vent. Mais c'était exagéré, je n'avais pas à vous mettre en émoi pour quelque chose de si anodin, je suis désolée de vous avoir dérangée. Je n'ai pas encore emménagé, je viens juste d'arriver, j'ai laissé mes bagages à l'accueil, enfin le peu qu'il y a, et je souhaitais juste admirer les alentours.

C'est magnifique vous ne trouvez pas ? Même le soir ... même de nuit d'ailleurs.

Le terme était approprié, car en effet le temps de parler le soleil avait commencé à se cacher derrière les arbres, et la bougie devenait une source de lumière des plus appréciées. Cette dernière, à chaque oscillation devant le visage de Valeria, semblait mettre en valeur les traces, ce qui accentuait son aspect surnaturel. Salène n'était finalement pas très rassurée, mais comme à son habitude il était hors de question de le montrer. Elle se tourna donc légèrement vers le jardin assombri et le montra d'un geste délicat de la main, pour appuyer sa dernière phrase, visiblement enchantée d'être en ce lieu.

Osant un regard à nouveau dans sa direction, la bougie donna une opportunité de remarquer le crayon figé dans son oreille. Visiblement elle travaillait encore, ce qui confirmait son hypothèse d'un professeur. Elle devait probablement encore corriger des copies à cette heure. Elle s'imaginait un tas de feuilles raturées avec rage et poussées dans un coin de manière expéditive, attendant d'être exposées devant les yeux larmoyants d'une horde d'élèves déçus par leurs notes. Elle se ressaisit un instant, comprenant que des pensées négatives l'envahissaient. Elle sourit à nouveau, un peu timidement peut être, à sa nouvelle connaissance.

[ჯ] 2 points

La première chose que l’ancienne prêtresse remarqua chez cette nouvelle, c’était que celle-ci était en train de l’observer de ses délicats yeux bleus marin, son regard se levant vers sa paire de cornes aux formes de pinces. Le propre regard de Valeria tenta d’apercevoir le bout de cette aberration de la nature, l’un de ses sourcils froncés et lui donnant un air des plus amusants. N’avait-elle jamais vue de cornes de sa vie ou quoi ? Beaucoup d’animaux en avaient, alors pourquoi pas un être humain.

D’un seul coup, Valeria se souvint…Sa main se posa sur sa joue avant qu’elle ne la retire prestement, observant ses doigts couverts de cendres noirâtres d’un œil critique. Avec son indexe et son pouce, elle essuya cette horrible saleté, étalant d’avantage encore cette suie sur son gant tandis que ses yeux aussi rouges que des braises ardentes se reposaient sur ceux de cette jeune femme.

Par la suite, elle se révéla être une sacrée pipelette, ce que Valeria profita pour étudier la jeune visiteuse plus en détail. Sa robe, simple, semblait être un assortiment de fleurs fleuries. Ses cheveux, longs, n’étaient pas attachés, animés d’une étrange vie lorsque le vent venait les faire voleter. Mais c’était surtout son regard qui était le plus…disons, le plus séduisant ! Alors c’était donc elle qui avait crié…à cause du vent ?

-Ce vent, je ne crois pas qu’il ait été naturel. Donc il vient de toi ou de quelqu’un d’autre, n’est-ce pas ? Enfin peu importe…On ne dira pas que je n’ais respecté le protocole…bienvenue à l’Académie Sehenn ! Pour tes bagages, quelqu’un s’en chargera !

Observer la beauté de la nuit…voilà bien quelque chose que Valeria n’avait plus fait depuis l’obtention de son rôle de maître ! C’est vrai que cela devait être beau…seulement elle ne voyait presque rien. À quoi pouvait d’ailleurs servir une bougie si celle-ci renvoyait peu de lumière ? Elle l’attrapa donc dans sa main, sa chaleur ne lui faisant pas plus d’effet que la caresse de la rosée du matin. Sa bougie éteinte, elle la garda dans sa main tandis que l’autre main diffusait une lumière blafarde qui alla en s’accentuant, tandis que la flamme de poing atteignait une taille bien plus importante, sa lumière renvoyant l’ombre des grands arbres aux alentours.

-Si l’on veut…je n’ai pas encore prit le temps d’observer le Jardin de l’Académie Sehenn. Pour ma part tu peux m’appeler soit Professeur Marine, soit Maître Marine ou encore Valeria, tout simplement ! Je n’aime pas que l’on m’appelle Professeur tout court et Maître Marina est plutôt réservé à mes collègues…enfin, tu fais comme tu veux

Protocole, protocole…quoi de plus ennuyeux que de commencer par les présentations ! Valeria coinça sa bougie, maintenant éteinte, à sa ceinture, attrapant son crucifix pour le triturer distraitement. Remarquant alors le sourire de Salène, la jeune femme leva un sourcil, surprise. Cette fille était curieuse. Elle semblait être une sorte d’idéaliste, ce qui ne coïncidait pas avec les élèves qui venaient à son cours. L’ancienne prêtresse lui rendit son propre sourire, accompagné d’un regard à la fois intimidant et amusé.

-Ce n’est pas habituel de voir les nouveaux arrivants se rendre directement aux Jardins. Et avec ce…vent, il ne serait pas impossible d’attraper un air de maladie !

Le sourire de Valeria s’élargit d’avantage encore, alors qu’elle ferma brusquement la main, sa flamme de poing s’éteignant du même coup. Le Jardin fut plongé dans les ténèbres…diantre, qu’est ce que la nuit pouvait tomber vite ! C’était avec peine qu’elle distinguait la silhouette de Selenia.

-Enfin, je parles et je parles ! Depuis quand es-tu arrivée ?

[ჯ] 2 points

Salène avait observé la Maitresse du feu un peu trop peut être, car elle lui décocha un regard ambigu. Valeria semblait des plus vivaces et son tempérament à n'en pas douter était en accord avec son élément, si l'en on croyait son style direct et ses yeux rouges. Ce qui était sur son visage visiblement n'était pas voulu, et en essayant de le retirer elle aggrava sa situation, en rajoutant des taches sur ses vêtements.

La nouvelle étudiante se retint donc d'observer de manière plus attentive, notamment ses attributs sur son crâne. Quant à cette suie, qui était revenue au premier plan des sujets délicats, elle trouva à nouveau le moyen de l'oublier en pensant à une éventuelle expérience ratée, qui de toutes façons n'était pas son affaire. De cette manière elle éviterait de mettre en exergue une éventuelle frustration liée à l'échec du professeur.

Salène n'eut pas de suite à l'esprit qu'elle eut pu avoir un lien avec son état, quand soudain elle pensa qu'en fait si, car elle l'avait probablement déconcentrée dans ses travaux. La culpabilité commença à monter en elle, elle essaya toutefois de garder son calme le plus possible. La question de Valeria était des plus soupçonneuses, ce qui ne faisait qu'empirer la situation. Fort heureusement elle sembla abandonner la charge - du moins pour le moment. Elle s'inclina respectueusement face à l'accueil, retrouvant un sourire assuré, soulagée en son for intérieur.

Merci beaucoup. Pour les bagages je ne doute pas qu'ils seront transportés dans les meilleures conditions, j'avoue qu'ils m'ont un peu fatiguée.

Elle ne poursuivit pas, attendant une réaction de Valeria. Visiblement cette dernière ruminait ses dernières paroles. Difficile de savoir précisément lesquelles, toujours est il que brusquement elle éteignit la bougie et remplaça la petite lumière par une autre, bien plus vive et surtout ... chaleureuse. Salène recula légèrement, et manquant de buter sur le banc derrière elle, se retint de bondir. Si son saut avait déclenché quelque brise, elle aurait probablement passé un sale quart d'heure. Et même si ce n'avait pas été le cas, son mouvement n'aurait pas été des plus contrôlés. Et se ridiculiser en ressemblant à un cabri n'était pas non plus désirable.

Elle se contenta donc de continuer à l'écouter, les yeux légèrement écarquillés par l'attrait constitué par cette flamme qui ne brûlait pas sa propriétaire. De surprise en surprise elle allait depuis son arrivée, cette académie lui plaisait de plus en plus à n'en pas douter. Un sentiment de jubilation l'envahit à l'idée de côtoyer tant de gens si extraordinaires, mais un sentiment de crainte mêlée monta également. Comment sont ils pour la plupart ? Sont ils tous accueillants ? A priori c'était au moins le cas de ce professeur, et c'était temps mieux. Elle acquiesça à ses dénominations, d'une voix contrôlée, comportant peu d'intonations, mal nécessaire afin de masquer au mieux son excitation. On aurait presque dit un texte récité.

Très bien je vous appellerai Valeria si cela ne vous dérange pas. Je suis plus à l'aise avec les prénoms. Il va de soi que je n'oublierai pas pour autant les égards qui vous sont dûs.

Ce faisant elle avait regardé à nouveau le visage du professeur. Elle semblait à présent l'observer comme une bête curieuse. Visiter le jardin, quelque chose d'inhabituel ? Sans doute. Mais débarquer en trombe la gueule pleine de suie et surtout des cornes sur la tête ce n'était pas des plus habituels non plus. Repensant à la scène un sourire plus accentué que la politesse l'autorise se dessina, et elle dût bondir sur le prétexte de sa dernière remarque pour couvrir le fait qu'elle trouvait comique son attitude.

Les jardins effectivement ce n'est pas très conventionnel !

Elle s'apprêta à rire quand la flamme s'éteignit. Sa voix se tut dans sa gorge, plus par surprise qu'autre chose, tandis qu'elle essaya de percevoir l'autre à travers l'obscurité. Ses yeux se dilatant de plus en plus avec la lueur blafarde environnante devaient donner un spectacle assez curieux. Elle attendit d'être un peu mieux accoutumée avant de poursuivre et répondre à la dernière question.

Vos paroles ne sont aucunement désagréable, je suis contente de pouvoir m'entretenir avec vous. Très heureuse même. Je suis arrivée il y a peu, le soleil avait déjà entamé son déclin. En revanche, bien que cela ne me dérange pas particulièrement, je pense que nous pourrions continuer à l'intérieur, car on ne voit plus grand chose. Qu'en pense...ez vous ?

Attention danger. Abus d'assurance, premier pas vers le manque de respect. Elle s'était reprise de justesse. Valeria sans doute ne vit pas qu'elle se mordilla légèrement la lèvre inférieure, se reprochant sa faute d'étiquette. Salène attendit ensuite la réponse, patiemment. Ce qu'elle craignait par dessus tout à présent, c'est qu'un vent frais se lève et qu'on lui porte la faute. Comme en écho à cette pensée elle se coiffa machinalement les cheveux, mais ces derniers au contraire, comme pris de vie, ne furent que virevolter plus qu'autre chose, elle cessa donc d'y toucher, un peu confuse.

[ჯ] 3 points

Où était le service d’accueil lorsqu’on avait besoin de lui ? Ce n’était pas que Valeria n’aime pas dire la bienvenue aux petites nouvelles, mais elle avait encore un bon nombre de dossier à traiter et…bah, peu importe ! De toute façon, à part les réduire en un tas de cendre fumantes et encore chaudes, elle n’avait eut qu’un demi-tiers de courage pour lire la moitié d’un paragraphe et cocher des réponses sans même avoir lu la question au préalable ! Au fait…elle avait laissé sa porte ouverte, non ? Si jamais quelques élèves farceurs avaient remarqué ce changement de comportement, elle devait s’attendre à un piège de leur part…Mais qu’est ce qu’elle avait à toujours anticiper les pires choses ? Allons, du calme maître marina !

Salène semblait un peu plus inquiète…ou en tout cas pendant un court instant. Cette fille était sans doute très douée pour dissimuler les soupçons, mais Valeria avait enfin compris que ce vent magique avait été créé par elle ! Restait à savoir si cela avait été intentionnel…ou pas ! Quoiqu’il en soit, cette fille n’arrêtait jamais de parler, rendant un e phrase qui pourrait être simple aussi compliqué que possible ! Sans doute une bonne éducation ou l’envie de faire bonne impression…ou pire : les deux à la fois !

-Oui, oui, j’en conviens ! Habituellement les nouveaux élèves nous font part de leur arrivée par courrier et c’est le service d’accueil qui est chargé d’aller les chercher. Enfin, peut-être que ça a changé sans que l’on ne m’ait fait encore part de ça. Bon, on ne va pas non plus tout le temps appuyer le protocole !

L’attitude de Salène fit également sursauter l’ancienne prêtresse qui manqua de trébucher à son tour de surprise, reculant d’un pas tout en agitant sa main libre à la manière d’un joli rossignol en train de s’écraser au sol. Tout de suite après, Valeria éclata de rire, un rire simple et chaleureux qui changeait des rires narquois dont elle avait l’habitude lorsqu’un élève s’était brûlé les cheveux en tentant d’allumer l’une de ses bougies.

-Et bien, je ne savais pas que le feu pouvait obtenir des effets aussi étonnants ! comme quoi, on en apprend tous les jours, n’est-ce pas ?

Avait-elle encore oublié le masque de…beauté qui lui tartinait le visage ? Sans doute que oui, sinon elle se serait aperçue qu’elle était tout simplement grotesque à comme cela, les jours poudrées de cendres noires et collantes. Mais son rire disparut lorsqu’elle écouta la longue phrase ennuyeuse qu’elle avait l’habitude d’entendre. Pourquoi les gens étaient-ils aussi polis ? Valeria essuya…ou plutôt étala une traînée de poudre noir de dessous son œil droit, créant un long trait qui ressemblait à ceux des indiens Apaches. Chic, il ne manquait plus qu’à faire le côté gauche et elle aurait son déguisement pour halloween !

Apparemment, Salène avait été surprise de sa remarque à propos de sa promenade dans les jardins. Oui, ce n’était pas conventionnel, et alors ? Etait-ce une raison de sourire comme cela ? Bon, au moins elle ne l’avait pas trouvé désagréable, ce qui, quand on y pensait, n’était pas une mauvaise chose.

-Oui, il commence à faire froid…et je n’aime pas le froid ! Bon, je vais te ramener à l’Académie. Et tutoies moi, s’il te plait ! Cela évitera de t’étrangler presque en tentant de respecter le protocole !

Protocole, protocole…mais on s’en moquait du protocole ! Sans prendre la peine d’allumer une nouvelle flamme de poing, Valeria fit demi-tour pour commencer à prendre le chemin du retour. Chemin faisant, elle entendu le bruit d’une source d’eau, non loin. L’idée de se débarbouiller étant devenue trop grande, elle se dirigea vers les lieux de ce bruit en courant, sans prendre le temps de voir si la nouvelle arrivait à la suivre dans le noir.

La lune se reflétait sur l’eau froide…mais on au moins, cela lui fit beaucoup de bien de voir ces cendres noires disparaître doucement dans la source claire. D’abords satisfaite, son sourire disparut, un sourcil levé.

-Bon…où est-elle encore passée celle-là ?

Mauvais…ne dit-on pas qu’il est dangereux de tourner le dos à un étang ? Surtout lorsque les talons se trouvaient au bords ? Peu importe ! Valeria scruta les alentours avec peine, essayant de retrouver Salène du regard et par les sons.

[ჯ] 2 points

Il faut croire qu'il n'y a pas que le rire qui soit communicatif, car face aux hésitations de Salène, Valeria avait réagi de même. Elle semblait perturbée par l'excès d'étiquette dont avait pu faire preuve l'étudiante. Un excès des plus regrettables et qui était encore plus souligné par le fait que visiblement la Maitre du Feu n'était guère friande du "protocole". Elle n'avait que ce mot à la bouche, avait elle été sermonnée à ce sujet par la direction ? Visiblement elle devra faire preuve d'une analyse des plus attentives, notamment des autres professeurs.

Avec un peu de chance elle était tombée sur la plus coulante du lot, qui sait ? A cette pensée Salène ne sut pas trop si il fallait être rassurée par sa chance, ou inquiète des futures rencontres. Dans tous les cas il fallait garder bonne figure, se reprendre et ne pas trop en faire. Paraître naturelle ? Non, n'exagérons rien non plus. Penser à quelque chose de distrayant, sans avoir le regard vitreux, voila une bonne idée. Elle contempla donc le visage de Valeria, observant en périphérie ses cornes. Son visage était de plus en plus souillé par cette suie qui ne voulait décidément pas partir, la rendant de plus en plus comique à voir.

D'accord Valeria. C'est vrai que les lieux sont vraiment surprenants. Les gens aussi ...

Oups, boulette. Et merde, contrôle toi ! Mais non, impossible, elle partit dans un fou rire, d'abord faible, plus de plus en plus important avant de réaliser qu'elle était à présent seule. Elle s'arrêta donc, un peu hébétée, et chercha autour d'elle. Entendant des bruits de clapotis, cette voie lui sembla des plus probables. Après tout, quoi de mieux qu'une source d'eau pour se nettoyer ? Elle hâta donc le pas dans cette direction.

Et de réaliser qu'elle faisait du sur-place. Ou presque. Un vent lui caressait les jambes, glacial et surtout indésirable.

AHHHHHH !






* ~~~~~ PLOUF °°°°°° *


léger silence



Se secouant la tête, Salène réalisa qu'un pas venait de l'emmener un peu haut, et entraînée par une bourrasque elle était retombée dans une mare non loin. L'eau était des plus froides, et à peine sortie de l'eau elle se mit à grelotter. Son environnement autour d'elle l'importait peu et sa prestance fut mise de côté. Le noir était à présent complet et elle se mit à céder à la panique, se recroquevillant sur elle même. Elle était persuadée d'avoir commis une catastrophe, et à défaut dans son état elle n'était plus du tout présentable.

Pourquoi ? ... ça y est je suis foutue ...

Pensant à cela ses yeux se mirent à briller, et elle réfugia son visage trempé dans ses genoux glacés.

[ჯ] 2 points

Cette Salène était décidemment très facile à semer ! Pourtant, l’ancienne prêtresse ne s’était qu’à peine écartée du chemin ! Enfin…oui…juste un peu en tout cas ! Scrutant les alentours de son regard sévère, Valeria soupira fortement avant de sourire, un sourire amusé et calme qu’elle espérait que la jeune femme n’avait pas vue. C ‘est vrai quoi, elle devait garder sa réputation de bourreau d’élèves après tout !

-Hum…nous ne sommes pas sorties de l’auberge !

Valeria se retourna, observant la surface de cet étant d’un regard apaisé. Son visage, muté par la magie, était recouvert de fines gouttes d’eau, tandis que ses cheveux mouillés tombaient en cascade informe de chaque côté de ses épaules. Elle les essora avant de décider de retrouver la nouvelle. Elle n’avait aucune envie de se retrouver avec une disparition sur les bras ! Après tout, on dit que les Jardins étaient dangereux ! À moins que ce ne soit la Grande Forêt…enfin, peu importe !

Elle n’eut que le temps de faire quelques pas qu’une violente bourrasque la souleva brusquement, la précipitant vers un arbre proche. Heureusement que l’Académie prodiguait un entraînement rigoureux aux maîtres nouvellement élus, sinon cela aurait été le choc assuré ! Valeria parvint à arrêter la projection à l’aide de ses deux pieds en avant, ceux-ci rencontrant l’écorce dure et rugueuse du grand chêne.

Au moment, un puissant bruit d’éclaboussure résonna dans les jardins, tandis que quelques gouttes retombaient sur ses vêtements. Valeria reposa les pieds au sol, se demandant ce qui avait pu provoquer à la fois ce vent magique et ce bruit. Elle n’eut pas à chercher loin pour trouver la réponse…

Salène était recroquevillée près de la mare, le visage caché entre ses genoux et trempée jusqu’aux os. Il ne fallait pas être un détective pour savoir ce qu’il s’était passé…L’ancienne prêtresse croisa les bras sous sa poitrine, nullement amusée par ce triste spectacle, comme elle aurait du normalement l’être.

-Mais non tu n’es pas foutue, ne dis pas de sottises ! Tu as souvent l’habitude de faire trempette dans le premier étang venu ?

C’était de très mauvais goût, venant de la part de Valeria, d’autant plus qu’elle se sentait en partie responsable de se désastre. Comme arrivée, il serait difficile de faire moins banale…Avec un soupir qui prouvait, pour qui la connaissait, qu’elle se sentait réellement gênée, Valeria s’approcha de la pauvre élève, relevant son visage de ses mains pour voir si elle n’était pas blessée. Le simple contact de l’eau pour débarbouiller son visage avait été désagréable…elle n’aurait pas imaginer ce l’effet que pouvait faire un véritable plongeon dedans !

L’ancienne prêtresse ota ses gants avant de les coincer à sa ceinture, près de la bougie. Passant ses longs doigts fins dans la chevelure longue et trempée de la jeune femme, elle produisit une douce chaleur pour les faire sécher, tandis qu’un léger grésillement raisonnait dans la nuit. Une fois cela fait, elle reposa ses yeux aux pupilles flamboyantes sur le visage froid de la jeune femme, s’attendant à voir un reproche naître dans son regard.

-Oui ça va…je reconnais que c’est ma faute ! Bon, je n’ai rien pour vraiment te sécher ici, alors le mieux c’est que nous rejoignions l’Académie. Là bas, on devrait trouver une serviette et de quoi te changer…c’est dommage…une si jolie robe…murmura t-elle presque pour elle même.

D’un geste qui fit un peu trop doux à son goût, Valeria aida Salène à se relever, frictionnant ses épaules de ses mains pour au moins tenter de lui offrir un peu de sa chaleur corporelle. Il ne fallut que quelques minutes pour qu’elles rejoignent le chemin principal, marchant doucement à cause de la pauvre élève qui continuait de grelotter.

-Bon je m’excuse…quel âge as tu, déjà ?

Radical changement de sujet : il n’y avait rien de mieux pour réchauffer agréablement les esprits ! En tout cas, ça marche parfois…

[ჯ] 2 points

Au pied de la fontaine, omnibulée par sa destinée, Salène s'imaginait déjà être exclue de l'établissement, ses dons incontrôlés étant source de trop de désagréments. Pourquoi cette rafale avait été si puissante ? Etait ce le lieu, ou bien son relâchement ? Il est vrai qu'autant d'enthousiasme peut parfois soulever des montagnes, comme le dit la gente populaire, mais de là à le prendre au pied de la lettre !

Elle fut détournée de ses pensées sombre par une voix qu'elle commençait à connaître. Curieusement cette dernière ne semblait pas en colère. Se rapprochant d'elle, le Maitre du feu fut même aux petits soins pour la maladroite, lui séchant délicatement les cheveux. C'était plutôt agréable, et bientôt la quiétude lui revint. Elle sécha ses larmes et fixa en retour Valeria. Cette dernière avait une attitude quasi maternelle, du moins c'est ce que pensa Salène, faute d'avoir eu un modèle à disposition dans sa jeunesse. Elle était bien tombée finalement - quoique, tomber était un verbe à bannir pour le moment de son vocabulaire ! Un bref instant elle eût même envie d'être prise dans ses bras, mais ce n'était définitivement pas raisonnable. Elle se contenta donc de répondre, un peu hésitante:

J'ai voulu courir et j'ai dû trébucher ... je ne m'attendais pas à ça. C'est également de ma faute. Je dois faire preuve de plus de maîtrise et ne pas céder à la panique, ce n'est pas digne d'une élève.

Elle se releva ensuite, aidée par le professeur, qui l'aida également à se réchauffer. Cela allait beaucoup mieux, bien qu'elle eut encore un peu froid. Elle garda sa main fortement serrée dans celle de Valeria, tandis qu'elles reprirent l'allée en direction du grand bâtiment, à la recherche de plus de convivialité. Chemin faisant une discussion quasi normale avait repris, occasion en or s'il en était, pour également retrouver une attitude saine et positive. Elle lui répondit alors de son air le plus optimiste possible:

J'ai 17 ans et 1 mois. Et ... toi ?

En posant la question en retour il y avait le risque qu'elle soit plus vielle qu'elle en aie l'air, mais cela avait été par pur réflexe et puis, elle semblait des plus sympathiques donc elle n'y verrait sans doute aucune objection même si elle était très âgée. Dans le pire des cas elle se rattraperait en disant qu'elle ne fait pas son âge. Compliment éprouvé par des génération de maladroits et maladroites, même si elle faisait tout pour ne pas en faire partie.

Pendant ce temps elles s'étaient rapprochées de l'entrée du bâtiment, en attestait la lumière qui attira leur attention, lumière bienfaitrice de par la légère chaleur qui en émanait, mais surtout un point de repère des plus pratiques pour marcher sans avoir à agripper sa pauvre voisine. Elle relâcha donc légèrement la pression, ses pas prirent plus d'assurance sur le pavage finement assemblé, mais elle resta cependant sur ses gardes. Chaque appui de pied, chaque impulsion fit l'objet d'une retenue des plus calculées, phénomène qui toutefois ne dura que 3 pas. Car cela éclatait comme le nez au milieu de la figure, qu'en plus d'être harassant, cette méthode lui donnait une démarche des plus ridicules, entre le voleur marchant à pas feutrés et le bébé apprenant à se déplacer.

Elle s'arrêta donc un instant, jetant un œil aux jambes de Valeria, dans l'intention de la copier. Sa robe étant ample et recouvrait jusque ses pieds. Evidemment c'eût été trop facile... Elle était encore largement trempée et sa propre robe, devenue assez transparente, dévoilait à la lueur des fenêtres maintenant très proches ses formes à travers le tissu. Les gouttes qui tombaient de son corps étaient cependant de plus en plus espacées.

Essayant de masquer au plus vite son hésitation elle essora le bas de son vêtement, puis reprit la route, se mettant en tête le paradoxe de ne penser à rien. Après tout, elle avait déjà eu son lot de catastrophes, ça ne pouvait pas recommencer ... et puis l'adage "jamais 2 sans 3" n'est qu'une simple expression populaire, n'est ce pas ? C'est avec cette dernière pensée en tête qu'elle finit par actionner la poignée pour pousser les portes massives du Hall d'entrée.

-
https://academiesehenn.forumactif.fr/le-hall-f8/
-

[ჯ] 2 points